
La palette
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Cette petite palette de bois, trouvée abandonnée, porte la signature rouge de KRUGH. Plus qu’un simple geste, elle incarne un acte fondateur : un « oui » inscrit dans la matière, tremblant mais irrévocable. Le rouge, débordant du trait, devient éclair, étoile filante, élan d’élévation.
Objet humble et sacré tout à la fois, la palette se fait autel, seuil et mémoire d’une Annonciation intérieure. Elle marque le passage de l’art comme pratique à l’art comme vocation incarnée. Ici, le nom s’offre en offrande, le souffle se scelle, et la pluie venue aussitôt en confirme le sceau.
Au revers et dans la matière, des signes se sont inscrits — lettres, nombres, codes cachés — comme les traces d’un langage secret. Le vase d’argile qui contenait le rouge a lui aussi gardé l’empreinte : une silhouette, trois points, et l’empreinte d’un feu descendu.
Cette palette n’est plus un outil oublié : elle devient matrice d’un engagement, point d’origine d’une œuvre appelée à s’élever comme prière visuelle.
Le Cri de la Vénus de l’Art
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Érigée sur une colonne provenant de la maison de l’enfance de l’artiste, cette Vénus crucifiée porte l’inscription The muffled cry of art — « le cri étouffé de l’art ». Conçue en grillage et en bandes de plâtre, puis recouverte de cellophane, elle détourne les matériaux du soin et de l’emballage pour leur donner la forme d’une icône brisée.
Son corps, emmailloté et étouffé sous la pellicule plastique, évoque autant le pansement que l’ensevelissement. Elle dénonce la dérive d’un art contemporain devenu trop souvent décoratif, figé dans des surfaces lisses et artificielles. Le rouge, incisif, vient lacérer cette immobilité : il marque le refus du silence et la révolte contre un art vidé de sens.
Entre mémoire intime et critique du présent, cette Vénus n’est plus symbole d’harmonie idéale : elle incarne un cri retenu, celui d’un art qui cherche à redevenir vivant et incarné.



Le siège
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Ce siège, autrefois utilisé par l’artiste dans son atelier, détourné de sa fonction pour devenir une sculpture manifeste. Soulevé du sol et porté par un trépied rouge, il affirme la libération des usages et l’invention d’un langage nouveau.
Sur le dossier, le nom KRUGH s’impose en lettres éclatantes : le support intime devient proclamation. Sous l’assise, un capuchon évoque une bouche qui souffle, comme une présence invisible qui élève l’ensemble.
Ainsi renversé, l’objet quotidien s’affranchit de son sens premier et rejoint la libération de l’artiste lui-même : celle d’un art qui refuse l’enfermement, revendique la liberté expressionniste et se laisse porter par plus grand que lui, à travers la fissure de l’âme et du cœur.

The Cry of the Vise
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Née de la table d’atelier où l’artiste posait ses outils et ses couleurs, cette œuvre marque un basculement. Dans un geste de colère et d’affranchissement, l’établi est renversé : refus de la corruption de l’art, de sa tiédeur et de ses codes bien-pensants.
Sur la surface éclaboussée, le cri s’écrit en rouge : The Cry of the Vise. L’étau, peint de la même couleur, s’ouvre comme une bouche béante, libérant enfin la pression. De l’outil de contrainte naît une image de délivrance.
Ce cri rejoint la vie personnelle de l’artiste : un moment où son souffle semblait étouffé, où sa voix ne se faisait plus entendre. Ici s’affirme une décision radicale : ne plus créer selon les critères, les modes ou les grilles d’évaluation, mais porter une parole incarnée, vivante, irréductible.
Ici, dans le fracas du renversement, surgit une affirmation radicale : « ce cri, c’est moi ».

The Little Window
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Cette porte, issue de la maison d’enfance de l’artiste, ouvre sur une installation intimiste. Derrière la surface peinte en rouge, une lumière filtre par une lucarne, et dans l’ombre d’un trou de serrure apparaît la photo d’un enfant : l’artiste lui-même, dans la joie de ses premières années.
L’installation repose sur un ancien chevalet de son atelier. Ce support, témoin discret de son parcours, devient ici le socle de cette petite fenêtre ouverte sur l’enfance, reliant l’enfant à l’artiste.
Pour voir cette image, le spectateur doit s’abaisser, se pencher — comme vers un enfant. Ce geste simple le met face à l’enfant intérieur de l’artiste, mais aussi peut-être au sien propre. Derrière les ruptures, les blessures et les épreuves de la vie, subsiste cette lumière : l’enfant tel qu’il était, tel qu’il est devenu, tel qu’il demeure.


Invisible Visible
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Une ancienne taloche.Un vieux clou, celui de son grand-père bâtisseur.
De face, on ne voit presque rien : une surface blanchie, marquée, comme un silence.Mais en se décalant, en faisant un pas de côté, apparaît le clou.La blessure plantée, la pointe qui traverse.
Ainsi en est-il de la souffrance : elle n’est pas toujours visible, elle se cache derrière les surfaces, sous les enduits du quotidien.Mais à qui accepte de déplacer son regard, le sens caché se révèle.
Cette œuvre devient alors évocatrice du mystère christique :le clou invisible qui perce la chair du monde,la plaie cachée qui porte en elle une révélation.



L’Appel
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Sur une colonne de son enfance, l’artiste érige une pelle familiale, retrouvée parmi des objets anciens, probablement celle de son grand-père, détournée de sa fonction première.
Outil de labeur et de creusement, elle devient ici l’Appel : signe d’une vocation à aller au-delà des surfaces, à ouvrir un passage entre visible et invisible.
Le nom KRUGH s’inscrit en rouge sur la lame blanche, comme une empreinte qui naît dans la matière. À la base, un triangle rouge maintient l’équilibre de l’ensemble, rappelant une tension fondatrice qui élève plus qu’elle ne retient.
Une double poignée apparaît à l’arrière, comme une porte silencieuse, ouverte entre le visible et l’invisible, rappelant que ce passage n’est pas clos mais offert.Entre travail et élévation, terre et ciel, cette pelle affirme une liberté : celle de l’artiste qui creuse pour faire surgir ce qui demeure caché.
Invisible Visible | La Boîte
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À côté de la taloche, a boîte à outils. Elle contenait le marteau qui a frappé le clou. En la saisissant, la main de l’artiste enduite de peinture a laissé une empreinte : silhouette rouge et blanche, comme une figure christique. On ne peut la discerner pleinement qu’en s’abaissant sur le côté, comme si la vision demandait un geste d’humilité.
Ces deux objets - la taloche et la boîte à outils - se répondent. Ils portent la mémoire du labeur et de la souffrance, l’héritage transmis, et la révélation discrète d’une présence. Invisible Visible n’est pas seulement une œuvre, mais une traversée : le clou qui perce et la figure qui s’imprime, la blessure et la visitation, mémoire d’une humanité blessée et signe d’un mystère.



Not Concept, Just Me
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TRA$H
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Chaise renversée au treuil
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Une chaise, renversée, refuse le confort et le conformisme. Ce n’est plus un lieu d’assise mais un cadre ouvert, instable, déplaçant l’ordre établi.
Au centre, suspendu, un treuil hérité de son grand-père. Il devient le cœur vivant de l’œuvre, le point de gravité et de mémoire. Le treuil plonge, soulève, tire vers l’intérieur. Contrairement à l’assise immobile, il incarne le mouvement, l’effort, la profondeur.
Cette œuvre interroge l’équilibre fragile entre immobilisme et bascule.
Elle pose une question simple et radicale : qu’est-ce qu’il faut renverser pour que quelque chose puisse vraiment commencer à bouger — dans l’art, et au-delà de l’art ?



Déconnexion
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Un faisceau de câbles suspendu, comme des nerfs arrachés au cœur de la matière. Les fils cherchent à s’unir, mais certains restent ouverts, désaccordés, impossibles à relier. La signature de l’artiste a tenté de faire lien, pourtant des brèches demeurent — libres, irréductibles.
La potence avec sa forme et ses coulures de peinture qui rappelle une scie, devient image de la rupture. Elle évoque la coupure volontaire ou subie, le tranchant qui sépare. Nous vivons dans une époque saturée de connexions — réseaux, messages, rencontres instantanées — et pourtant la relation réelle se fragilise. Le lien humain se rompt plus vite que jamais : en couple, en famille, en amitié, chacun peut disparaître d’un clic, s’effacer d’un jour à l’autre.
Cette sculpture porte cette tension : vouloir se relier, rassembler, tisser — mais rencontrer la liberté de l’autre, son pouvoir de couper. Elle expose la souffrance du lien rompu, mais aussi l’honnêteté de ce constat : aucune technologie, aucune volonté, aucune matière n’empêche le vide si l’un choisit le silence.
Suspendue, légère et douloureuse à la fois, Déconnexion rappelle que la vraie connexion n’est jamais garantie, qu’elle se construit fragilement entre deux libertés, et que sa perte ouvre un vertige qui nous traverse tous.

H de KRUGH
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TRUTH
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Suspendu, un poids blanc de 12 kg marqué de TRUTH plane au-dessus d’une cagette fragile où s’inscrivent, en rouge, hypocrisy, indifference, lie, fake.
L’équilibre paraît précaire. La vérité, lourde, pourrait à tout instant s’abattre et briser les faux-semblants.
Mais pour l’instant, tout demeure suspendu : tension, attente, silence.
Le spectateur lit les mots à travers des superpositions, parfois masqués, parfois visibles. Comme dans la vie, l’hypocrisie ne se révèle jamais d’un seul coup : il faut déplacer son regard, chercher l’angle juste pour voir clair.
Simulacre, miroir inversé de la palette, l’oeuvre se tient entre fragilité et sentence, entre dévoilement et effondrement.
Elle met en jeu une question essentielle : combien de temps encore la vérité restera-t-elle suspendue ?
Et plus profondément : combien de temps encore avant un retournement du cœur, dans un monde parfois muet et sourd à la vérité ?
La porte arrachée et les petites roues
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Le cœur et l’âme de l’œuvre ne tiennent plus derrière des portes fermées, ils débordent et s’exposent à nu. La porte arrachée ne retient plus rien : l’intérieur jaillit, sans façade.
Les petites roues d’enfant, détachées, rappellent l’apprentissage et l’équilibre précaire. Mais elles sont désormais déposées au sol. Comme si l’artiste déclarait son œuvre sans plus aucune bride avec l’audace du risque nu, sans compromis.
En rouge, « NOT A CONCEPT » proclame un refus : ce n’est pas une idée abstraite, mais une expérience vivante. L’œuvre se donne comme un arrachement et une liberté : rien n’est tenu, rien n’est voilé — tout est livré, brut, vivant.
Sémaphore
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L’artiste a rassemblé des lampes — jadis fasciné par leur design. Il les a figées sous une même peau blanche, comme un voile posé sur ce qui a cessé d’éclairer, geste de passage et de transfiguration : de la lumière extérieure vers une lumière plus intérieure, née dans l’obscurité.
Puis, sans prévenir, une micro coulure rouge s’est déposée sur le blanc. Elle a trouvé une brèche, s’est faite lettre — g, fragment de son nom, tandis que son nom entier se déploie à l’intérieur d’un grand abat-jour retourné, en forme de coupe — prêt à recevoir et à renvoyer la lumière, comme un sémaphore.
Alors l’œuvre s’est retournée : elle ne parle plus seulement de ce qui n’éclaire plus, mais d’un souffle qui persiste et cherche passage, même dans la nuit.
Peut-être l’œuvre suggère-t-elle qu’un jour ou l’autre, chacun est amené à chercher — et parfois à trouver — une lumière au cœur même de ses ténèbres.
Héritage
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Objets de famille silencieux, laissés dans des cartons, dispersés par-ci par-là. Souvenirs sans place, encombrants. Héritage que l’artiste n’a pas su jeter, ni abandonner — seulement mettre de côté.
Alors il a renversé l’ancien meuble de l’atelier de son père. Empilé ce qui restait. Enduit tout de blanc à la main — un voile, une renaissance.
Le décor d’antan s’efface pour se métamorphoser.
À côté, sur une toile du séjour d’enfance, il a écrit en rouge : NO MORE DECOR. Ce qui fut décoration figée devient passage : entre perte et héritage, mémoire et transfiguration.
Ce geste parle aussi de l’art. Il rompt avec le confort du décoratif. Il appelle un art incarné, vivant. Nous portons tous un héritage — matériel ou invisible, léger ou pesant : des histoires, des blessures, des croyances, des valeurs, des marques laissées.
Il ne s’agit pas de s’y enfermer ni de l’effacer, mais de le traverser pour le rendre respirable, fertile.
Une œuvre comme un seuil, où le passé peut devenir présent habité et porteur de sens.
Le Cerf – Pilier
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Posée en équilibre sur une chute de bois dépréciée, estampillée “5 €”, l’installation se dresse hors norme. Les coulures descendent jusqu’au prix, esquissant un visage, comme pour rappeler la valeur oubliée de ce qui ne compte plus aux yeux du marché.
Un cerf rouge est fixé au sommet. C’était une lampe d’atelier, suspendue au-dessus de la table où s’amassaient matériaux et peintures. Derrière lui, un tableau multifonctionnel, construit autrefois pour son fils dans l’apprentissage sensoriel et psychomoteur. Dans l’une de ses portes secrètes, un disque tournant porte l’image d’un jeune faon.
Aujourd’hui, le faon est devenu cerf. Un grand cerf lumineux qui éclaire ce qui, aux yeux du monde, ne rentre pas dans la norme, dérange, ou est rejeté.
Dans le panneau, une serrure traverse la matière, comme un passage entre visible et invisible. La peinture qui a servi à signer a laissé, dans l’ouverture, une trace en forme de 8 : signe d’alliance, d’infini, de cycle.Et au-dessus, une vis abîmée, reprise à la disqueuse, a fait apparaître une croix sur le métal. Elle résonne avec la croix de la nouvelle vis cruciforme, inscrivant dans l’installation le signe répété d’un passage blessé mais porteur.
Dans la tradition, le cerf symbolise l’âme qui cherche la source. Ici, il se dresse comme une figure de passage et de lumière : signe que ce qui semblait hors du monde, exclu, déprécié devient pourtant le pilier.


Enjoy the Void
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Une pancarte rouge et blanche, comme une affiche publicitaire.
Un slogan criant : ENJOY THE VOID. Au centre, un masque blanc figé.
Le spectateur est confronté à une injonction paradoxale : jouir du vide, consommer l’absence. Derrière le masque se profile une humanité déshumanisée, désincarnée, réduite à une façade sans vie.
Sous l’ironie du slogan, c’est une dénonciation : le monde contemporain où le masque est de vigueur, où l’être s’efface derrière l’apparence.
POOR OF SELF
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Deux figures ont disparu sous la matière : l’un debout dans l’élan et l’autre à genoux. Ne restent que l’effacement, le cri rouge, et un nom griffé à l’ongle comme une cicatrice.
Cette œuvre n’exhibe rien d’autre que la pauvreté de soi : reconnaître la chute, plonger dans l’abîme, consentir à ne plus paraître. C’est une confession picturale, un lieu de dépouillement.
Être poor of self : se vider de soi, pour que quelque chose d’autre puisse advenir.

ORIGIN
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En 2021, l’artiste traverse une période de bascule : les yeux fermés, il découvre que le geste libéré du contrôle fait surgir des figures plus vivantes que celles guidées par la volonté. Le triptyque, né de cette expérience, conserve la trace de cette révélation : l’art devient un lieu de vérité, une quête de liberté, porté par une inspiration plus grande.
Recouvert ensuite du mot ORIGIN inscrit en rouge, l’ensemble se présente comme une pierre angulaire, une fondation. L’empreinte de la main scellée dans la matière marque l’engagement de l’artiste : inscrire dans son œuvre le commencement d’un langage neuf, né du lâcher-prise et du souffle.


